31 Mag 2025, Sab

Avez-vous déjà utilisé le livre de Carpenito dans les services de soins ?

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Le livre de Linda Juall Carpenito sur les diagnostics infirmiers est une référence dans la formation en soins de santé. Il est présenté comme une base pour apprendre une méthode structurée de raisonnement clinique : formuler des diagnostics infirmiers, définir des objectifs (NOC), choisir des interventions (NIC), construire des plans de soins cohérents.

Pendant les études, il constitue un passage obligé. Mais une fois arrivé·e·s dans les services, une question se pose légitimement : cette méthode est-elle réellement utilisée ?

La réponse est souvent non

De nombreux professionnels répondraient simplement “non”, du moins pas de manière complète et systématique comme illustré dans l’ouvrage — sauf dans quelques contextes spécifiques.

Est-ce la sempiternelle histoire de l’écart entre théorie et pratique ?

Une documentation centrée sur l’essentiel

Dans les contextes de soins, la documentation infirmière a tendance à se concentrer sur les aspects les plus immédiats de l’assistance. Les notes rapportent fréquemment uniquement les états et les actions : « alité, aide à la toilette », « patient désorienté, nécessite supervision » — même si la situation s’améliore progressivement aussi sur ce plan.

Pourquoi la méthode semble-t-elle absente ?

Les raisons de cette absence apparente des notions de Carpenito sont bien concrètes :

  • Le temps est compté. Les activités s’enchaînent à un rythme soutenu, avec peu de marge de manœuvre.
  • Les outils informatiques ne sont pas adaptés. Les plateformes favorisent la saisie rapide de données plutôt que l’approfondissement du raisonnement clinique.
  • La culture organisationnelle reste ancrée dans la pratique. Dans beaucoup d’institutions, l’accent est mis sur le « faire » plus que sur la réflexion.

Une théorie pourtant précieuse

Cela ne signifie pas que la théorie soit inutile. Mais elle semble souvent rester confinée dans la mémoire scolaire, sans trouver de véritable place opérationnelle.

Alors, à quoi sert la théorie ?

Le modèle de Carpenito n’a pas été conçu pour compliquer le travail, mais pour aider à organiser la pensée clinique. Connaître les diagnostics infirmiers et savoir les formuler ne sert pas qu’à bien rédiger une fiche : cela aide à mieux lire les situations, à établir des liens, à raisonner plus en profondeur.

Celles et ceux qui ont intégré cette logique savent se poser des questions plus pertinentes :

  • Que communique ce signe ?
  • Quel besoin réel se cache derrière ce comportement ?
  • Quelle intervention a le plus de chances d’amener un changement ?

Même si l’on n’a pas toujours le temps de tout écrire, le fait de penser selon ce modèle change la qualité des décisions prises.

Intégrer la méthode à la pratique

L’enjeu n’est pas d’appliquer mécaniquement chaque composante du modèle, mais de savoir s’en servir quand c’est utile.

Dans la pratique quotidienne, cela peut être précieux dans différentes situations :

  • Lorsqu’on accompagne un·e étudiant·e et qu’on veut expliquer clairement le raisonnement derrière une action.
  • Lorsqu’on est face à une situation incertaine et qu’il faut déterminer les priorités.
  • Lorsqu’on collabore avec d’autres professionnel·le·s et qu’il faut clarifier les critères guidant une proposition d’intervention.

Intégrer le modèle théorique à la pratique, c’est entraîner sa pensée, même dans l’urgence. Ce type de raisonnement ne ralentit pas le travail, il le rend plus efficace. Il permet d’éviter les automatismes, de repérer les signaux faibles, et d’adapter les interventions de manière plus ciblée.

Une présence discrète mais réelle

La méthode proposée par Linda Carpenito n’apparaît pas souvent dans les documents cliniques, mais elle peut se refléter dans la manière d’observer, d’évaluer et d’agir. La théorie, à elle seule, ne garantit pas une bonne qualité de soins — et elle n’a pas à être universellement appliquée — mais elle fournit des outils pour les construire avec davantage de conscience.

Dans le travail en santé, la différence ne se joue pas seulement sur ce que l’on fait, mais aussi sur comment on en vient à le faire. Entraîner sa pensée avec des modèles structurés comme celui de Carpenito permet de ne pas perdre de vue le sens de ses actions, même lorsque la routine menace de les réduire à de simples gestes.

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